Entre les tenants d’une autonomie comme autolimitation et ceux d’une autonomie comme souveraineté individuelle, Paul Ricœur nous invite à définir une troisième voie. Pour y parvenir, il fait appel aux travaux de l’économiste indien Amartya Sen sur la notion de capabilités. La question de l’autonomie peut être alors définie comme la capacité de chacun à pouvoir transformer les libertés abstraites en opportunités réelles. Il devient ainsi possible de penser la maladie ou le handicap comme des manques de « capabilités élémentaires », de « capacités de base ». La capacité, ou capabilité ne peut donc se comprendre qu’à partir de son revers : la vulnérabilité. En ce sens, seul un être fragile peut être appelé à devenir autonome. Il s’agit dès lors de considérer l’homme, et particulièrement le malade, à la fois comme vulnérable, donc « souffrant » et capable, donc « agissant ».

The debate on personal independence opposes those who propose that independence means self limitation to those who believe that it means individual sovereignty. Paul Ricoeur invites us to look at a third possibility. Starting with the notion of the “phenomenology of human capacity”, Ricoeur thinks of independence in terms of capacity. He calls upon work of the Indian economist Amartya Sen published in the 1980s on the notion of capabilities. This author defines independence as the capacity of each individual to transform abstract freedom into real opportunity. This leads to conceiving disease or disability as a lack of “elementary” or “basic” capacity.

According to Ricoeur, this notion of capacity can only be understood by looking at its contrary: vulnerability. In this way, only a weakened frail person can be called upon to become independent. Thus the human being, and particularly the ill human being, must be looked upon as both vulnerable, and thus “suffering”, and capable, and thus “active”.